Je suis photographe, mais aussi artisan du cuir (sans parler de mon côté ingénieur). Mes créations sont sous la marque nk – Créations Imparfaites
Ma coloc a un sac à main tissé en paille. Les lanières, en faux cuir, commencent à se déliter. Elle m’a demandé si je pouvais les lui refaire.
La réponse est oui, évidemment. Mais en quelle terme temporel et pécuniaire ?
- du cuir à la bonne épaisseur et de longueur suffisante,
- du lacet pour coudre
- couper les bandes de cuir
- les percer pour coudre
- puis assembler le tout
J’ai pris du cuir de 2,5mm d’épaisseur.
Les lanières on été découpées identiques aux précédentes : 69 x 1,9 cm.
J’ai repris la disposition des perçages en améliorant leur symétrie.
Reprit les arrêtes de coupe avec un outil appelé « abat-quart » pour les chanfreiner et rendre le contact plus agréable.
En prenant bien les marques du positionnement des anciennes lanières j’ai recousu les nouvelles avec un lacet en cuir de meilleures qualité que celui en coton précédent. Le tout dans les tons de mon cuir, plus clair: Whisky.
- environ une heure
- 2 lanières en cuir végétal
- 1 lacet en cuir
- des outils à disposition
« Ce qui coute le plus cher aujourd’hui, c’est le temps de travail humain d’un français […] »
Évidemment, si vous n’avez aucun attachement particuliers à votre sac, cela ne vaut pas le coût/coup.
Ce qui coute le plus cher aujourd’hui, c’est le temps de travail humain d’un français par rapport non seulement à des machines, mais également au temps de travail d’un être humain dans un pays que l’on dira « moins riche » ou « moins développé ».
« Aujourd’hui on n’a pas non plus un sac avec de vraies bonnes lanières en cuir pour 40€ ! »
Cependant, comme me l’a fait remarqué ma coloc alors que je lui donnais l’estimation de mon prix, « Aujourd’hui on n’a pas non plus un sac avec de vraies bonnes lanières en cuir pour 40€ ! »
(c’est le prix qu’elle l’a payé à ERAM…)
Car ces lanières en cuir végétal sont solides à vie, elles vont se patiner et donner un autre cachet à ce sac. Et même si le sac venait à se rompre, cela vaudrait le coup d’en conserver les lanières pour une autre utilisation.
C’est réfléchir autrement…
Non pas en terme de
« Ça casse, je jette et je rachète »
mais
« Ça casse, qu’est-ce qui est cassé, comment je peux le réparer,
je conserve mon sac et lui donne encore plus de sens »
Ce sac, elle l’aimera d’autant plus qu’il y a un travail humain et une histoire personnelle qui lui donne du sens. Cet objet a gagné en profondeur.
La vie quotidienne en devient plus riche et savoureuse
De plus les objets que nous utilisons sont une extension de nous dans le réel. C’est à dire que ce avec quoi je me relationne fait partie de mon environnement, de mon monde et contribue à me constituer. Utiliser de beaux objets qui ont du sens me fait plaisir et me donne plus de valeur dans l’absolu. La vie quotidienne en devient plus riche et savoureuse ;) Si si je vous assure…